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Admin Messages : 312 Date d'inscription : 02/08/2015

La douleur éclate au grand jour, insoutenable tension conduite par les terminaisons nerveuses jusqu'au temple du savoir de l'Homme : le cerveau, cet amas encore presque inconnu par ses propriétaires, celui qui est pourtant au cœur du fondement de la société, à l'intelligence aussi perverse que remarquable. Cette machine étonnante possède pourtant des vertus miraculeuses, à la fois puissantes et si fragiles qui sommeillent en chacun de nous, qui rythment nos vies et fait ce que nous sommes et ce que nous serons, toujours plus évolués, toujours plus avides de connaissances, nous améliorant à chaque nouvelle génération, si ce n'est quelques exceptions notables. Pour le meilleur du monde ou justement, pour le conduire à sa perte. Certes, il peut aussi représenter un danger indéniable pour chaque habitant de notre sympathique planète, mais quelle remarquable intelligence que la nature a créé à travers l'Homme ! Le pouvoir de s’intéresser, d'évoluer, de faire des expériences, de rater, de continuer malgré les échecs à aller dans un sens maudit contre la nature, sans réussir à freiner les émotions contradictoires qui nous étreignent encore aujourd'hui... Si le cerveau était un seigneur, nous serions les bourreaux, puisque la science est loin d'avoir percé tout ses secrets... Si ce n'est pas malheureux, de ne pouvoir cerner ce qui nous constitue ! Enfin, laissons cela de coté, car ce n'est pas l'objet de cette souffrance, ne vous en déplaise.
Il jure, agrippant à deux mains son membre gourd et meurtri, faisant face bien à contre cœur au martyr qu'on lui inflige à travers celui-ci, le visage crispé dans un râle muet. En d'autres circonstances, il aurait retenu les larmes qui lui viennent aux yeux, mais là il ne peut s'en empêcher : c'est trop dur. L'implacable calvaire qu'on lui inflige semble des plus durs, des plus intolérables. La douleur, ce fauve vorace qui dévore et peut jaillir à n'importe quel coin de rue, aussi passagère que permanente. Celle qui ne se lit pas toujours sur les visages, qui peut être autant physique que morale, mais qui ne laisse jamais indifférent, l'emporte dans son univers de colère. Il se maudit lui-même d'avoir put tomber dans un piège aussi grossier, aussi stupide que prévisible. Et maintenant il est là, à endurer sans la moindre aide possible ce calvaire, ignoré de tous. Quel imbécile ! Il n'aurait jamais dû se faire avoir à une entourloupe aussi grossière, vraiment ! Il s'imagine bien que son bourreau l'observe à travers la fente qui semble le caractériser, muet devant la scène. Il lui jette un regard assassin dans la pénombre, même si cela ne sert plus à rien de tenter de cacher qu'il a bel et bien mal.

Ah, vraiment, quelle souffrance de se cogner le petit doigts de pied contre la porte !

Admin Messages : 312 Date d'inscription : 02/08/2015

Je vivais, je vis... Je ne sais plus.

Je ne me souviens de rien. Le paysage défile devant moi, comme des bribes de souvenirs que je voudrais saisir. Qui suis-je donc ? Pourquoi m'enferme-t-on ainsi, semble-t-il dans ma propre tête ? Suis-je la proie d'un kidnappeur ? Depuis combien de temps ce délire éveillé dure-t-il ? Des mois, des semaines, quelques jours, une poignée de secondes ? Je ne saurais le dire. Ce vide en moi me dit que cela dure depuis toujours, mais je ne peux pas croire ça. Je tourne, je tourne, comme submergé dans les abysses. Est-ce la surface, tout là-haut ? Pourrais-je simplement nager vers elle, où va-t-elle s'estomper en un clapotis comme apparemment tout ce que je contemple ? Je suis déjà passé par là, j'en suis sur... Pourquoi me drogue-t-on, pourquoi altère-t-on ainsi ma mémoire ? Suis-je dangereux ? Ai-je eu une autre existence, une famille, une vie ?.. A quoi m'empêche-t-on d'assister en me maintenant enfermé ? Je veux ma liberté ! Je veux ma...

Je ne me souviens de rien. Le paysage défile devant moi, comme des bribes de souvenirs que je voudrais saisir. J'ai beau m'agiter, je ne peux pas les atteindre, je suis condamné à rester à les regarder comme à travers une prison de verre. J'ai l'impression d'être déjà passé par là, d'avoir déjà parcouru ce chemin, et que je suis toujours la même route, la même destination inconnue qui s'efface de ma mémoire en une seconde. Tout me rappelle quelque chose. Ce drôle d'arbre, là... Ces gravats par terre. Je vois comme flou, est-ce que je pleure ? Sais-je pleurer, au moins ? Mais que m'a-t-on fait ? Je ne saurais dire. Je distingue, au loin, des silhouettes floues qui s'agitent. Je voudrais les toucher, voir qui ils sont. Est-ce donc une création de mon imagination ? Suis-je dans le déni total ? Qu'est-ce donc que ces êtres qui semblent se moquer de moi ? Qu'est-ce...

Je ne me souviens de rien. Le paysage défile devant moi. Comme des bribes de souvenirs que je voudrais saisir. L'un des fantômes, un géant comme incontrôlable, se rapproche de moi. Que va-t-il me faire, que va-t-il se passer ? Je voudrais crier, crier, j'ouvre la bouche... Mais aucun son n'en sort ! Que m'arrive-t-il ? J'ai l'impression d'être déjà passé par là. Suis-je malade ou drogué ? Je vais lui demander, à ce masque effrayant qui veut se presser contre ma cage ! Je cherche l'air, avale machinalement ce qu'il dépose. Comme si c'était une habitude. Est-ce donc l'objet de mes cauchemars, lui qui me nargue sans que je puisse me souvenir ? Je veux savoir, je veux savoir, je le veux plus que tout... Je m'approche de lui, encore, encore, comme engourdi par ces séances de torture, et puis... BLAM !

Le petit Thomas se retourne.

« Maman, maman, mon poisson rouge y s'est pris le bocal en pleine figure ! »